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 Vie et mort de Thomas David

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2 participants
AuteurMessage
Thomas David
Maître en la matière
Thomas David


Nombre de messages : 307
Localisation : Comptable d'Astria
Date d'inscription : 12/05/2006

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MessageSujet: Vie et mort de Thomas David   Vie et mort de Thomas David EmptyDim 8 Oct à 23:53

[HRP]Plus de connexion internet pour l'année qui vient, ou alors de manière trop occasionnelle pour m'investir convenablement, donc je vais terminer ici la vie de ce cher Thomas David. Le moins qu'on puisse dire est que ça ne tombe pas au bon moment, mais ça rajoutera du piment pour vous qui restez à Astria... après tout c'est Fractal (tâchez de mourir dans la bonne humeur) Wink
Oh... et je m'excuse vraiment pour avoir pondu cette repoussante constitution et, pire, pour avoir réussi à la faire passer - un peu n'importe comment, je le confesse -... Vous allez en baver si vous comptez réellement la faire appliquer (peut-être en plus que c'est viable, allez savoir), en tout cas je vous souhaite bien du plaisir Very Happy
Bon jeu à tous.[/HRP]

Le réveil avait été difficile, il traînait un mal de tête qui paraissait lui en vouloir personnellement et la brume matinale peinait à s’estomper au fond de son crâne.
Il déambulait, hagard, dans les rues d’Astria. Des sentiers boueux en fait, creusés par la force des choses entre les divers amas de planches découpées et assemblées au jugé avec des rivets et des clous grossiers constitués d’un fer cassant, impur. La mairie n’était qu’un amoncellement d’immondices qu’on appelait ici matériaux. Tout le monde était habillé de frusques grossières et déchirées, selon qu’ils se refusaient à quitter leurs précédents habits élimés par les intempéries et le rude labeur ou qu’ils portaient les rapiècements de grosse toile obtenue par tressage des fibres qu’on trouvait ici ; ça n’avait rien de l’élégance ou de la prestance qu’il y avait toujours vu : c’était obscène de voir ainsi des êtres humains se déguiser de la sorte, se vêtir comme par habitude de ces oripeaux troués qui laissaient apparaître tout ce qu’on aurait honteusement voulu y cacher, sans succès. Les habitants eux-mêmes ne semblaient pas vraiment plus propres que leurs accoutrements grotesques, malgré toute l’eau qu’on mettait à leur disposition pour la toilette, afin que les maladies ne s’installent pas dans la communauté. Tout juste suffisante, en fait, à repousser sommairement la crasse aux abords des zones les plus visibles. Tout juste suffisante, en fait, pour donner l’illusion qu’un semblant d’hygiène était respecté.
Les « réserves » n’étaient qu’un empilement de quelques racines et d’un peu de viande rance déjà rongée par quelques vers, qui semblaient encore les mieux lotis dans l’histoire. De l’eau saumâtre à la couleur peu engageante stagnait dans quelques récipients de fortune qui laissaient s’échapper le liquide suffisamment lentement pour qu’on puisse espérer en récupérer au moment où il deviendrait nécessaire de le boire. La « pharmacie » ne contenait que des poisons plus ou moins lents et violents qui avaient le mérite de distraire le malade de ses réels problèmes le temps de son agonie – parfois même en réchappait-il par un quelconque miracle, qui suffisait à affirmer que telle ou telle plante avait des vertus curatives… Il voulu allumer sa pipe, mais son tabac qu’il croyait si onctueux en bouche et à l’odeur agréable, remplissant l’air et ses poumons d’une douce chaleur qui ressemblait à du bien-être, n’était que de la broussaille grisâtre sèche et piquante qui se consumait entièrement en quelques secondes sitôt qu’on y avait mis le feu, dégageant une fumée noirâtre et inquiétante à l’odeur âcre qui lui brûlait les poumons et le faisait tousser.
Il s’en rendait compte maintenant : ça n’avait rien d’un nouvel essor de la civilisation, ce n’était pas le monde de demain qui se relevait des décombres du précédent. Ce n’était ni plus ni moins qu’un bidonville qu’il avait voulu prendre pour une cité, et Astria figurait très certainement parmi les villes les mieux équipées et les plus cossues de cette planète. Qu’en était-il de toutes les autres dont le seuil de vie était inférieur à celui qu’ils avaient ici ? Toutes ces cités où les gens mourraient de faim, de soif, de toutes les maladies imaginables ? Où une simple fièvre était annonciatrice de décès ? Qu’était devenu son monde, celui qu’il avait quitté en se couchant la veille ?
Il voulut s’asseoir sous son arbre préféré – quelque chose comme un gigantesque et massif chêne à l’ombre duquel il aimait à réfléchir et travailler –, mais il n’y avait plus qu’une sorte de vieux saule aux branches rachitiques et noirâtres qui semblaient autant de doigts cherchant à l’enserrer pour l’engloutir sous terre. A perte de vue s’étendait un gazon sec et aride, râpeux au toucher, paraissant se moquer par avance de quiconque essaierait en vain d’en faire sortir quoi que ce soit qui en vaille la peine. Au loin, au nord, les montagnes menaçaient la ville de leur ombre à l’abri de laquelle des arbres décharnés paraissaient attendre leur heure pour venir le chercher, et le vent apportait en rafales le sable du désert qui cernait le taudis là où la plaine avait finalement renoncé à résister, qui venait assécher encore la terre. Ce sable qui entrait en lui, par tout orifice qu’il laissait ouvert, qui lui emplissait les yeux, les narines et les poumons, comme l’appendice nauséabond de cette planète hostile qui le violait et le souillait.
Il peinait à rassembler ses pensées, elles se jouaient de lui et lui échappaient quand il semblait sur le point d’en saisir une. Pour chaque idée qu’il poursuivait, il en sentait des milliers d’autres qui fourmillaient en dehors du champ de son introspection, qui complotaient dans son dos et se mêlaient pour former des amalgames conceptuels monstrueux qui erraient aux abords de ses pensées les plus refoulées. Le monde n’était plus qu’un brouillard informe dont il ne pouvait plus saisir qu’indistinctement l’horreur, le péché, la terrible senteur du carnage et des brasiers où l’on faisait brûler les cadavres pour se tenir chaud avant d’en dévorer la viande carbonisée. Il les savait tous là, impatients et salivant, ne pouvant attendre que le festin soit prêt pour s’en repaître et commençant à se dévorer les uns les autres pour assouvir leur faim inextinguible, se repaissant de la chair de ceux qu’ils nommaient hypocritement leurs proches un instant auparavant, préférant les trahir avant que ces derniers n’en aient l’occasion. Il sentait l’odeur brûlante du sexe, de l’orgie à laquelle ils se livraient tous, de l’abandon bestial auquel ils s’adonnaient ; les relents émanant des fluides corporels changeant d’hôte avec d’insoutenables bruits de succion lui agrippaient les narines et en appelaient aux tripes, leurs gémissements obscènes emplissaient l’air en une communion malsaine avec l’écoeurante perversité du monde qui les avaient vu déchoir.
Il errait dans ce monde en ruines, à la poursuite de son intériorité qui se riait de lui. Les gens tentaient de lui parler, mais il n’entendait qu’un son diffus, distant, auquel il ne finissait par prêter attention avec difficulté que pour s’en débarrasser d’une bouillie de mots confuse censée suffire à ce que son interlocuteur attendait de lui. Sa démarche était hésitante, comme perpétuellement dans un équilibre précaire qu’il ne parvenait jamais à rétablir. Du flou ambiant finit pourtant par émerger Naelle : elle n’avait pas changé et semblait à sa place dans ce monde sale et lugubre, à l’aise dans cette peau de bête sans conscience. Elle le fixait de ses yeux jaunes. Il ne pouvait en détacher son regard, jusqu’à ce qu’une peur irraisonnée s’empare de lui, une terreur sourde qui suintait dans tout son être et le paralysait. Il se sentit tomber en arrière, longtemps, comme dans un gouffre sans fond, comme si le monde avait finit par gagner et l’avait avalé. Il perdit connaissance.
Lorsqu’il se réveilla enfin, il était seul. A perte de vue s’étendait un monde délavé, froid et indifférent à sa présence. Il balada un regard vide sur l’horizon sans vraiment y chercher quoi que ce soit. Y’avait-il seulement quelque chose à trouver ?
Du fond de sa mémoire remontaient des bribes de souvenirs, incohérents, mâchés par le temps, qu’il observait sans comprendre. Il discernait des visages qui ne lui évoquaient plus rien, des espoirs et des rêves, des convictions et des instants de bravoure ; tout autant de désillusions et de moments de lâcheté, d’abattement… peut-être d’ailleurs qu'il s'agissait des mêmes. Il regardait ces images s’effilocher alors que quelque chose dans l’ombre tirait sur les fils pour défaire les coutures. A peine reconnaissait-il quelque chose que l’objet disparaissait, et il ne savait plus que faire de cette pièce de puzzle dont il avait perdu tous les autres morceaux ; parvenait-il à en saisir une autre qu’il constatait avec perplexité qu’il avait perdue la première, ou peut-être n’y en avait-il même jamais eu…
Dans ce kaléidoscope d’images tourbillonnantes dont il ne perçut bientôt plus que les couleurs, certaines choses se détachaient, émergeaient du flux et se maintenaient devant ses yeux quelques instants comme si elles eussent mérité qu’on leur consacre plus d’attention. Des lieux, des évènements, des visages ; Joan – oh, Joan –, Soryaa, Astria, lui-même… ou était-ce un autre ? Déjà elles disparaissaient en ne laissant derrière elles qu’une traînée d’espoirs déçus.
L’inquiétude le gagnait, il se perdait et tous les autres avec lui, dans ce siphon auquel rien n’échappait, ce néant qui l’attirait à lui. Il chercha bien à remonter le courant mais il était bien trop tard et il se sentait inexorablement happé. Fébrile, il sortit son portefeuille pour en sortir ce qu’il y trouvait, son passé… un permis de conduire, une carte d’identité, quelques obscurs papiers… Tout ce qu’il arrachait aux documents, le tourbillon le lui reprenait aussitôt pour le faire disparaître. Des photographies… une femme, une jeune fille… lui ? Tous des étrangers, mais pas plus qu’il ne l’était à lui-même. Il rageait de ne pouvoir mettre des noms sur ces visages, de ne pouvoir se reconnaître – était-il seulement sur ces photos ? –, qu’on lui ait arraché sa fille – si elle l’était – et ses proches. Les larmes roulaient sur ses joues alors qu’il tentait en pure peine de graver dans sa mémoire le peu de sa vie qui lui restait. Il pleurait de se voir disparaître sans rien pouvoir faire. Il pleurait de voir le peu qui n’avait pas encore été aspiré, le peu de temps qui lui restait. Il pleurait de n’avoir rien à se remémorer qui eut pu adoucir son sort. Il pleurait de voir les derniers souvenirs qu’il tentait d’agripper se dissoudre entre ses doigts pour se fondre dans le vide qui lui emplissait désormais l’âme.
Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien à propos de quoi pleurer.
Rien.


Dernière édition par le Sam 21 Oct à 22:02, édité 2 fois
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Date d'inscription : 18/05/2006

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MessageSujet: Re: Vie et mort de Thomas David   Vie et mort de Thomas David EmptyLun 9 Oct à 6:07

L'Atlante Fou déambulait, son scalpel géant sous le bras, lorsqu'il croisa Thoams qui avait l'air morose. Il balaya le sol de son chapeau de fou et lui dit :

Yagdalayop à toi, Thomas, t'as pas l'air bien, t'as mal dormi, t'as mal digéré ? Ou alors c'est toute cette merde avec Leeloo qui te broute, moi c'est pareil, j'préférais quand qu'on était tous potes, c'est pas drôle de taper sur les autres, sauf peut-être avec des oreillers ou des tartes à la crème !
Ca m'rappelle les batailles de pollack à l'asile, ça c'était fun,tout l'monde participait, faut que j'en r'construise un vite fait !

Mais les discours toujours aussi abracadabresques de l'Atlante Fou ne paraissaient pas dérider Thomas. Les traits de son visage se modifièrent alors légèrement, annonçant un changement de personnalité.

Ce cher Thomas semble être touché de sinistrose, de mélancolie... J'ai rarement l'occasion d'observer ce genre de phénomène, voilà qui est prodigieusement intéressant...

Et, sortant un crayon et un carnet de sa besace, il se mit à suivre Thomas tout en prenant des notes.
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